Introduction
Dans l’univers de la plomberie, comme dans celui des aménagements industriels ou décoratifs, le choix du matériau de tuyauterie détermine la durabilité de l’installation, sa conformité réglementaire et, bien sûr, son coût global. Entre le tube en acier noir – apprécié pour sa robustesse, sa facilité de soudage et son esthétique brute – et le tube en acier galvanisé – plébiscité pour sa résistance à la corrosion grâce à son revêtement de zinc –, il est parfois difficile de trancher sans repères techniques précis.
Chez Home Invasion, nous proposons ces deux familles de produits : des tubes filetés en acier noir et des tubes filetés galvanisés certifiés EN ISO 1461. Chaque solution répond à des exigences spécifiques de pression, de fluide transporté, d’environnement et de budget. Pour éclairer votre décision, nous avons analysé les procédés de fabrication, les normes (EN 10255, EN 10241) et les performances réelles de chacune de ces finitions.
Si vous souhaitez comprendre les dimensions des tubes, vous pouvez consulter notre tableau complet des diamètre de tubes acier
Ce guide se veut à la fois pédagogique et exhaustif :
- Présentation détaillée des étapes industrielles qui mènent à un tube dit « noir » ou « galvanisé ».
- Comparaison de leur comportement face à la corrosion, à la soudabilité et aux contraintes d’exploitation (eau potable, chauffage, gaz, air comprimé).
- Guide pratique de mise en œuvre, tableau d’aide au choix, bonnes pratiques de stockage, de filetage et de protection finale.
Que vous envisagiez de créer un réseau d’arrosage extérieur, un circuit de chauffage haute température ou un décor loft apparent, cette lecture vous donnera les clés pour sélectionner la solution la plus adaptée — et pour exploiter pleinement le potentiel des tubes filetables EN 10241 proposés dans notre boutique.
Panorama normatif : EN 10255 & EN 10241
Résumé:
- EN 10255 : définit les tubes ronds en acier pour soudage ou filetage (séries L, M, H).
- Nuances d’acier courantes : S195T et S235JR, extrémités lisses ou filetées BSPT.
- EN 10241 : précise les raccords filetés compatibles (DN 6 à DN 150).
- Pressions de service indicatives : jusqu’à 25 bar pour les tubes, 16‑40 bar pour les raccords.
- Correspondances avec d’autres normes : EN ISO 1461 (galva), ISO 7‑1 / EN 10226 (filetages), EN 1775 (gaz).
2.1 ‑ EN 10255 : le standard des tubes « plomberie »
La norme EN 10255 encadre les tubes ronds en acier non allié destinés au soudage et au filetage (ancienne BS 1387). Trois séries d’épaisseur sont prévues :
Série | Abréviation | Équivalent BS 1387 | Exemple Ø ext. DN 25 |
---|---|---|---|
Légère | L | Light | 33,7 × 2,0 mm |
Moyenne | M | Medium | 33,7 × 3,25 mm |
Forte | H | Heavy | 33,7 × 4,0 mm |
Les tubes peuvent être soudés (type W) ou sans soudure (type S). Leurs diamètres extérieurs et masses se réfèrent à EN 10220 pour garantir l’interchangeabilité. Les nuances d’acier usuelles S195T ou S235JR sont livrées brutes de laminage ; aucun traitement thermique n’est exigé. Les extrémités sont fournies lisses (pour soudage) ou filetées BSPT avec manchon vissé.
Domaines d’application : eau industrielle, circuits de chauffage, réseaux d’air comprimé, installations sprinkler et conduites de gaz (selon la réglementation nationale). Pour l’eau potable, un revêtement intérieur conforme aux exigences sanitaires peut être requis.
2.2 ‑ EN 10241 : les raccords filetés compatibles
La norme EN 10241 définit les raccords en acier à parois épaisses filetés – mamelons, manchons, coudes, tés, bouchons, etc. – de DN 6 à DN 150. Ils sont usinés dans un tube EN 10255 ou issus de forge, puis filetés selon ISO 7‑1 / EN 10226‑1 : filetage conique mâle BSPT et parallèle femelle BSPP.
Exemples de diamètres extérieurs courants : 10,3 mm (DN 6), 13,7 mm (DN 8), 21,3 mm (DN 15) jusqu’à 168,3 mm (DN 150). Les raccords existent en finition noire (acier brut légèrement huilé) ou galvanisée à chaud. D’autres protections sont autorisées si elles n’altèrent pas la géométrie du filet.
2.3 ‑ Filetages, pressions et compatibilité
Élément | Filetage de référence | Pression de service indicative |
---|---|---|
Tubes EN 10255 filetables | BSPT ISO 7‑1 (conique) | Jusqu’à 25 bar (série H) |
Raccords EN 10241 | BSPT mâle / BSPP femelle | 16 – 40 bar selon DN et classe |
Bon à savoir : le filetage conique assure l’étanchéité métal‑métal ; la filasse ou le ruban PTFE réalise la barrière finale. Sur tube galvanisé, le filetage est généralement usiné après le bain pour éviter la surépaisseur de zinc et garantir la précision.
2.4 ‑ Correspondances avec d’autres normes
Besoin | Norme associée | Objet |
---|---|---|
Protection zinc | EN ISO 1461 | Galvanisation à chaud par immersion |
Filetages | ISO 7‑1 / EN 10226 | Raccords filetés étanches dans le filet |
Épreuves pression gaz | EN 1775 (ex NF E 29‑100) | Installations gaz combustibles |
En respectant ces références, tubes et raccords achetés séparément demeurent parfaitement compatibles – dimensionnellement et mécaniquement – que vous choisissiez l’acier noir ou la version galvanisée.

Tubes en acier noir
Résumé:
- Composition : acier doux S195T / S235JR, deux filières de fabrication (soudé ERW ou sans soudure).
- Finition : couche de calamine noire + protection temporaire (huilage ou vernis d’atelier).
- Atouts : coût réduit, soudabilité exemplaire, résistance mécanique & thermique, look industriel.
- Limites : sensibilité à la corrosion, dépôts internes, poids, filetages nus, non adapté à l’eau potable.
3.1 ‑ Composition et procédés de fabrication
Les tubes dits « noirs » sont laminés en acier carbone doux, nuances S195T ou S235JR. Exemple de composition type pour un S195T :
≤ 0,20 % C · ≤ 1,40 % Mn · ≤ 0,035 % P · ≤ 0,030 % S – conférant une limite d’élasticité minimale de 195 MPa et une résistance à la traction de 320 à 520 MPa.
Filière | Étapes principales | Usages courants (EN 10255) |
---|---|---|
ERW soudé | Déroulage bobine → formage en « U‑O » → soudage HF longitudinal → calibrage → épreuve hydraulique | Séries L / M – chauffage, gaz, air comprimé |
Sans soudure | Perforation billette chaude → laminage mandrin → calibrage → épreuve | Série H – haute pression, vapeur |
Les tubes sont livrés bouts lisses (soudure chantier) ou filetés BSPT en usine ; le filetage est réalisé après coupe, dégraissé puis obturé pour le transport. Aucun traitement thermique supplémentaire n’est imposé : la livraison as‑rolled préserve la limite d’élasticité et facilite la soudabilité.
3.2 ‑ La finition « noire » : calamine et protections temporaires
L’aspect sombre provient d’une pellicule de calamine (oxydes de fer) formée à chaud ; elle se compose de trois couches : FeO interne, Fe3O4 intermédiaire et Fe2O3 externe. Fragile, cette couche craquelle à l’impact, favorisant l’infiltration d’humidité et l’apparition de rouille.
- Huilage : film d’huile minérale en sortie de tubeuse, protection de quelques semaines.
- Vernis noir d’atelier : laque mince (époxy ou bitume) pulvérisée, protection durant transport et stockage court.
Ces finitions restent strictement temporaires. Sur site, l’huile est éliminée avant soudure et une peinture antirouille ou un calorifuge est appliqué pour les réseaux exposés.
3.3 ‑ Points forts techniques
- Économie : prix matière le plus bas de la gamme tubes acier, idéal pour budgets serrés ou réseaux secondaires.
- Soudabilité : absence de revêtement → aucune dé‑galvanisation ni fumées toxiques.
- Résistance mécanique & thermique : supporte hautes pressions et fluides jusqu’à ≈ 350 °C (vapeur basse pression, chauffage) sans déformation.
- Polyvalence : cintrage à chaud, filetage simple, compatibilité avec l’ensemble des raccords EN 10241.
- Esthétique industrielle : finition brute très recherchée pour les décors loft et retail.
3.4 ‑ Limites et précautions d’emploi
Problème potentiel | Conséquence | Parades recommandées |
---|---|---|
Corrosion rapide (eau / condensation) | Perte d’épaisseur, eau rouillée, boues | Peinture ou gaine après montage ; proscrire l’eau potable brute ; circuit fermé inhibé |
Dépôts internes (rouille, calcaire) | Diminution de débit, bruit, perte calorifique | Rinçage et filtration à la mise en service ; traitement inhibiteur |
Poids élevé | Manutention plus exigeante que cuivre/PEX | Palans ou chariots pour gros DN ; préfabrication atelier |
Filetages coupés non protégés | Points de rouille aux assemblages | Enduit zinc‑riche ou peinture après serrage ; filasse + pâte non hygroscopique |
Non‑conformité eau potable | Migration Fe, Mn, prolifération bactérienne | Choisir inox, galvanisé ou acier revêtu intérieur pour ECS/EF |
En résumé : l’acier noir demeure la solution la plus souple et économique pour les réseaux de chauffage, de vapeur légère ou de gaz lorsque la corrosion est maîtrisée. Il nécessite toutefois une protection de surface sérieuse et un entretien régulier (rinçage, peinture) pour garantir sa longévité.
Tubes galvanisés
Résumé:
- Procédé principal : immersion à chaud (EN ISO 1461) avec réaction zinc‑fer en quatre couches protectrices.
- Variantes : électro‑zinc, zinc‑flake, métallisation – utiles pour filetages ou retouches locales.
- Avantages : corrosion fortement ralentie, protection intérieure & extérieure, maintenance quasi nulle, look gris patiné.
- Points de vigilance : eau très chaude/acide, fumées de Zn à la soudure, filetages « chargés », rouille blanche, couples galvanique Zn/Cu.
Retrouvé sur notre page dédié, les informations détaillées sur les tubes acier galvanisés que nous proposons.

4.1 ‑ Galvanisation à chaud : réaction métal‑métal
Pour les tubes EN 10255 / EN 10241, la galvanisation adoptée est presque toujours l’immersion à chaud (norme EN ISO 1461). Après dégraissage, décapage acide et fluxage, le tube est plongé quelques minutes dans un bain de zinc maintenu à environ 450 °C. Le zinc liquide réagit alors avec le fer pour former, de l’acier vers l’extérieur :
- Γ‑phase Fe3Zn10 (haute dureté)
- δ‑phase FeZn7
- ζ‑phase FeZn13
- η‑couche de zinc pur (50 – 70 µm pour parois ≤ 3 mm)
Cette stratification métallurgique, bien plus résistante qu’une simple peinture, assure une adhérence mécanique exceptionnelle et joue le rôle d’anode sacrificielle si la surface est entaillée. Après refroidissement, les tubes sont passivés (chromatation trivalente ou silane) pour limiter l’apparition de « rouille blanche » en stockage.
Repère pratique : un revêtement de 600 g Zn/m² (≈ 85 µm) garantit en moyenne 30 ans de protection en atmosphère urbaine modérée avant exposition de l’acier.
4.2 ‑ Autres variantes de zingage
Procédé | Épaisseur typique | Usage cible | Atout principal |
---|---|---|---|
Électro‑zinc (zincage électrolytique) | 5 – 15 µm | Filetages usinés, petites pièces | Aspect très lisse, tolérances serrées |
Zinc‑flake (revêtement lamellaire) | 8 – 12 µm | Raccords, visserie | > 1000 h brouillard salin, sans fragilisation H2 |
Métallisation Zn (projection thermique) | 60 – 120 µm | Retouches locales, structures soudées | Application à froid, directement sur site |
Pour de longs tubes transportant eau ou air, seule l’immersion à chaud garantit une couverture intégrale, y compris sur la face interne. Les variantes ci‑dessus servent surtout à retoucher un cordon de soudure ou à protéger un filetage réalisé après coup.
4.3 ‑ Points forts des tubes galvanisés
- Corrosion ralentie : le zinc joue le rôle d’anode sacrificielle et protège même en cas de rayure.
- Protection recto‑verso : l’intérieur du tube est galvanisé autant que l’extérieur.
- Entretien minimal : mise à part l’eau très chaude (> 60 °C), aucun repeintage nécessaire pendant des décennies.
- Applications eau froide / sprinkler : évite la rouille rouge et le colmatage prématuré.
- Esthétique atelier : la brillance initiale se patine en gris mat, très appréciée en déco industrielle.
4.4 ‑ Points de vigilance avant de choisir
Risque / contrainte | Mesure préventive |
---|---|
Eau très chaude ou agressive (pH < 6 ou > 9) : dissolution accélérée du zinc | Limiter la température ECS ; préférer inox ou acier noir (+ revêtement interne époxy) |
Fumées toxiques de zinc lors du soudage | Meuler la galvanisation sur 20 mm de part et d’autre du joint ; ventilation, masque FFP3 |
Filets partiellement « chargés » par le zinc | Fileter après galvanisation ou calibrer le taraud ; éliminer les copeaux avant mise en eau |
Rouille blanche (carbonates de zinc) en stockage humide | Stockage couvert et ventilé ; passivation trivalente en sortie de bain |
Couple galvanique Zn / Cu (installation mixte cuivre) | Installer des raccords diélectriques pour isoler les métaux |
Ces précautions vous permettront de tirer la pleine durabilité du revêtement galvanisé sans mauvaise surprise.
La prochaine section vous proposera un tableau comparatif complet acier noir / galvanisé, afin de sélectionner rapidement la finition la plus rentable et la plus sûre pour votre projet.
Tableau comparatif : acier noir vs acier galvanisé
- Récapitulatif chiffré des performances, coûts et contraintes de chaque finition.
- Durée de vie : < 2 ans sans peinture pour l’acier nu contre 40‑80 ans pour un tube galvanisé 85 µm.
- Température maxi : 350 °C pour l’acier noir, 200 °C pour le galvanisé.
- Coût matière : l’acier noir est la référence économique ; la galvanisation ajoute ~15‑30 %.
- Usages types : gaz et chauffage fermé pour le noir ; eau, extérieur et incendie pour le galvanisé.
Critère | Tubes acier noir | Tubes acier galvanisé (immersion à chaud) |
---|---|---|
Norme produit | EN 10255 (séries L, M, H) – nuances S195T / S235JR | EN 10255 identique + revêtement conforme EN ISO 1461 |
Finition d’origine | Calamine + film d’huile ou vernis mince | Zinc 50‑85 µm (≈ 600 g/m²) sur faces interne & externe |
Protection anticorrosion | Aucune : acier nu rouille rapidement à l’humidité | Excellente : barrière + anode sacrificielle |
Durée avant 1re maintenance (atmosphère ISO C3) |
< 2 ans sans peinture | 40‑80 ans avec 85 µm de zinc |
Température maxi conseillée | ≈ 350 °C (vapeur basse pression) | ≈ 200 °C (au‑delà, fragilisation du zinc) |
Soudabilité | Directe (MMA, MAG, TIG) sans précaution spéciale | Meuler ± 20 mm de zinc, capter les fumées |
Filetage | Coupe facile ; protection par pâte/filasse | Filetage après bain ou calibrage + retouche zinc |
Coût matière | Référence (bas coût) | + 15‑30 % selon diamètre |
Poids unitaire | Identique (base acier) | + ≈ 1 % (masse du zinc, négligeable) |
Usages typiques | Gaz, chauffage fermé, déco loft | Eau ≤ 60 °C, réseaux incendie, extérieur exposé |
Limites majeures | Corrosion rapide, interdit eau potable | Soudure délicate ; eau très chaude ou acide ronge le zinc |
Entretien | Peinture antirouille périodique | Aucun jusqu’à consommation totale du zinc |
Lecture express : pour un circuit fermé (chauffage, air comprimé sec), l’acier noir est imbattable côté budget. Dès qu’il y a eau circulante ou exposition extérieure, la galvanisation multiplie la durée de vie et réduit la maintenance globale.
5.1 ‑ Zoom : épaisseur de zinc & longévité
- 50 µm de zinc ≈ 40 ans sans rouille visible en atmosphère urbaine normale.
- 85 µm de zinc poussent la durabilité à 70 ans et plus.
- Le taux de corrosion du zinc oscille entre 0,7 et 2 µm/an en ambiance C3 :
épaisseur ÷ taux
= première remise en état. - À l’inverse, un acier nu perd 20‑25 µm/an en ambiance humide → protection peinture obligatoire dès l’installation.
5.2 ‑ Et l’électro‑zinc ?
L’électrozingage dépose seulement 5‑15 µm de zinc : suffisamment pour les filetages (tolérances serrées) ou les petites pièces, mais insuffisant pour un tube exposé en continu à l’eau ou aux intempéries. Cette technique sert donc principalement à la retouche locale (filet ou cordon soudé) plutôt qu’à la protection sur toute la longueur.
Ce panorama chiffré pose les bases du choix technique. Dans la section suivante, un arbre de décision vous aidera à sélectionner en quelques clics la finition la plus rentable et la plus sûre, selon le fluide, l’environnement et votre budget global.
Comment choisir ? – Arbre de décision pragmatique
Résumé:
- Étape 1 : identifier le fluide (eau, gaz, air, vapeur) et ses contraintes.
- Étape 2 : analyser l’environnement (intérieur sec, extérieur humide, atmosphère corrosive).
- Étape 3 : équilibrer budget, maintenance et critères esthétiques ou hygiéniques.
- Outil express : arbre de décision graphique + quatre cas pratiques pour valider votre choix.
6.1 ‑ Étape 1 : identifier le fluide et ses contraintes
Fluide principal | Questions à se poser | Orientation conseillée |
---|---|---|
Eau potable | Température ≤ 60 °C ? pH neutre ? | Galvanisé si l’eau n’est pas agressive, sinon inox ou tube revêtu intérieur |
Eau de chauffage (circuit fermé) | Traitement inhibiteur prévu ? | Acier noir + peinture externe |
Eau incendie / sprinkler | Réseau humide permanent ? | Galvanisé recommandé : limite tuberculisation & dépôts |
Gaz naturel / propane | Réseau intérieur ? Conforme EN 1775 ? | Acier noir soudé ou fileté ; galvanisé non requis |
Air comprimé | Point de rosée < 5 °C ? | Air sec → acier noir ; air humide → galvanisé ou inox |
Vapeur < 350 °C | Pression < 16 bar ? | Acier noir (zinc non recommandé > 200 °C) |
6.2 ‑ Étape 2 : caractériser l’environnement
- Intérieur sec : corrosion faible → acier noir peint suffit.
- Local humide ou extérieur : condensation/pluie → galvanisation privilégiée (recto‑verso, entretien nul).
- Zone corrosive C4/C5 (bord de mer, site industriel) : brouillard salin, polluants acides → galvanisé + peinture (système duplex) ou inox.
6.3 ‑ Étape 3 : arbitrer budget et maintenance
Profil de projet | Critère décisif | Finition préconisée |
---|---|---|
CAPEX serré / OPEX toléré | Investissement initial minimal | Acier noir + peinture chantier |
Longévité sans intervention | Accès difficile, arrêt coûteux | Galvanisé (voire duplex) : zéro repeinture |
Valorisation esthétique | Look brut / loft | Acier noir verni ou galvanisé patiné, selon style |
Hygiène / règlement strict | Eau potable, santé | Inox ou galvanisé certifié ACS |
6.4 ‑ Arbre de décision condensé
±— Eau potable ? — oui — Eau agressive ? — oui → Inox | | | no → Galvanisé | Fluid ±— Chauffage fermé ? — oui → Acier noir | ±— Gaz ? — oui → Acier noir (soudé ou fileté) | ±— Air / Vapeur / Autre — voir tableau 6.1 | ±— Environnement extérieur ? — oui → Galvanisé | no → Acier noir
Raccourci pro : si de l’eau circule et voit l’air → galvanisé; si le circuit est fermé ou gazeux → acier noir, sauf prescription sanitaire supérieure.
6.5 ‑ Exemples d’application rapides
Cas concret | Matériau retenu | Pourquoi ? |
---|---|---|
Colonne sèche incendie 2 ½″ en parking souterrain | Galvanisé | Humidité permanente, maintenance impossible |
Boucle de chauffage 90 / 70 °C en chaufferie | Acier noir série M | Circuit fermé, budget optimisé, soudure facile |
Réseau d’air comprimé 10 bar avec sécheur –20 °C | Acier noir peint | Air sec, corrosion faible |
Décoration suspendue style pipe‑shelf | Acier noir verni transparent | Look industriel, aucun fluide |
Bonnes pratiques de mise en œuvre
Résumé:
- Stockez les tubes à l’abri de l’humidité et évitez tout contact métal‑métal.
- Coupez, filetez et débavurez proprement ; éliminez systématiquement la limaille.
- Sélectionnez le joint d’étanchéité et le couple de serrage adaptés à chaque DN.
- Préparez correctement les zones à souder ; traitez et repeignez après soudure.
- Appliquez une protection finale (peinture ou système duplex) et contrôlez épaisseurs & étanchéité.
7.1 – Stockage et manutention
Point clé | Recommandation terrain |
---|---|
Lieu | Abri sec et ventilé, à l’écart des poudres alcalines ou acides. |
Position | Stockage horizontal sur lisses en bois ou plastique ; éviter le contact acier‑acier pour préserver calamine et zinc. |
7.2 – Coupe et filetage
- Lubrification : huile sulfo‑chlorée pour acier noir ; huile minérale claire pour galvanisé.
- Débavurage : fraise rotative ou alésoir conique – supprime les copeaux et préserve l’étanchéité.
- Nettoyage : soufflette ou rinçage HP air sec ; la limaille est la 1re cause de fuites sur clapets.
Pour découvrir comment fileter et assembler des tubes acier, vous pouvez consulter notre tutoriel complet. Vous pouvez aussi consulter aussi notre guide des filetages des tubes de plomberie en acier ici.

7.3 – Assemblage vissé
Joints d’étanchéité
- PTFE standard : 40 µm, 8‑10 tours sur DN 15‑25, sens horaire.
- Filasse + pâte : privilégier DN ≥ 40 pour un meilleur remplissage.
- Gaz : pâte certifiée G1 + ruban jaune conforme EN 751‑3.
Couple de serrage & orientation
- Visez 2‑3 filets visibles après serrage BSPT.
- Clés à profil chevête (pipe) ; proscrire la clé Stillson sur galvanisé (arrache le zinc).
- Pour un té, ajustez la longueur filetée pour l’alignement sans contre‑écrou (½ tour de marge avec filasse).
7.4 – Soudage
Acier | Pré‑traitement | Procédé recommandé | Particularité |
---|---|---|---|
Noir | Dégraissage + brossage léger de la calamine | MAG fil solide G3Si1 Ø 1 mm, 180 A | Cordon rapide, peu de scories |
Galvanisé | Meulage du zinc sur ± 20 mm ; récupération des poussières | MAG fil fourré rutile Zn < 0,9 % | Repeindre la zone avec peinture riche en zinc (> 92 %) |
Astuce chantier : pour DN ≤ 40, le soudobrasage à la baguette CuSi3 (brasage TIG) réduit fumée et retrait tout en restant conforme ISO 17672 pour eau/gaz basse pression.
7.5 – Protection & finition après montage
Acier noir
- Ponçage des soudures, dégraissage à l’acétone.
- Primaire époxy zinc‑phosphate ≥ 50 µm.
- Finition polyuréthane : 2 couches, épaisseur totale ≥ 120 µm.
Galvanisé
- Nettoyage Scotch‑Brite + solution ammoniac neutre.
- Système duplex (zones C4/C5) : primaire d’adhérence spécial zinc + laque polyuréthane.
Repérage couleur
Appliquer le code ISO 20560‑1 : jaune pour gaz, rouge RAL 3000 sprinkler, bleu RAL 5012 eau froide, etc. Bandes adhésives acceptées si peinture décorative imposée.
7.6 – Contrôles & essais
Essai | Seuil | Méthode |
---|---|---|
Épreuve hydraulique | 1,5 × P service (≥ 10 bar chauffage) | Montée progressive, maintien 30 min, ΔP < 0,1 bar |
Test d’étanchéité gaz | 150 mbar ou EN 1775 | Manomètre différentiel < 0,01 bar / 5 min |
Inspection visuelle revêtement | Continuité peinture ≥ 98 % | Lampe LED 400 lux + miroir d’angle |
Mesure épaisseur zinc | ≥ 50 µm sur paroi fine | Jauge magnétométrique (3 points / 50 cm) |
Foire aux questions

8.1 – Puis‑je peindre un tube galvanisé ?
Oui, à condition de préparer la surface : dégraisser (eau chaude + détergent doux), égrener légèrement au Scotch‑Brite, puis appliquer un primaire d’accrochage spécial zinc. Les laques polyuréthane ou acryliques adhèrent alors sans cloquage. Évitez les peintures riches en solvants chlorés : elles altèrent la passivation.
8.2 – Un tube en acier noir est‑il autorisé pour l’eau potable ?
En France, non : la liste positive ACS autorise seulement l’inox, le cuivre ou l’acier à revêtement intérieur homologué. L’acier noir nu relargue fer/manganèse et favorise la prolifération bactérienne. Pour l’adduction d’eau, orientez‑vous vers l’inox ou un tube galvanisé certifié ACS (DN > 15).
8.3 – Combien de temps dure réellement un réseau galvanisé ?
En atmosphère intérieure C3 (habitation chauffée), un revêtement de 85 µm perd environ 1 µm/an : comptez 60 à 80 ans avant que l’acier n’apparaisse. En eau froide légèrement dure (pH ≈ 7,5), la dissolution est plus lente ; en eau chaude ≥ 60 °C ou très douce, la durée tombe à 25‑30 ans. Sur un réseau extérieur non peint C4, tablez sur 30‑40 ans.
8.4 – Comment éviter le grippage de filetages inox sur raccords acier ?
Insérez un raccord diélectrique (mamelon isolant) ou, à défaut, appliquez une pâte PTFE à forte teneur en huile et serrez modérément. Le grippage provient surtout du couple galvanique et du soudage à froid entre filets inox/acier.
8.5 – Peut‑on mélanger tubes noirs et cuivre dans la même installation ?
Oui, mais toujours cuivre après acier dans le sens d’écoulement pour éviter la corrosion galvanique. Installez un raccord isolant si le cuivre doit se trouver en amont, ou maintenez au moins 300 mm de tube plastique entre les deux métaux.
8.6 – Quel couple de serrage appliquer sur un filetage BSPT Ø 1" ?
Il n’existe pas de valeur normalisée universelle ; le métier recommande un serrage manuel + 2 à 3 tours à la clé. Pour un tube acier série M DN 25, cela correspond à ≈ 120 N·m avec ruban PTFE (un peu moins avec filasse). Serrez jusqu’à laisser 1‑2 filets visibles ; au‑delà vous risquez de fendre un raccord fonte.
8.7 – Comment retoucher la galvanisation après soudure ?
Brossez la calamine, puis appliquez une peinture zinc‑riche (> 92 % Zn métal) en deux passes croisées, 50 µm mini chacune. Cette retouche rétablit la continuité cathodique. Pour les zones très sollicitées, privilégiez la métallisation au pistolet.
8.8 – Quel vernis utiliser pour conserver l’aspect « acier brut » ?
Utilisez un vernis polyuréthane satiné mono‑composant résistant aux UV sans jaunissement. Appliquez‑le sur tube parfaitement nettoyé et dégraissé ; trois couches fines créent un film invisible qui fige la teinte anthracite du métal.
Conclusion – tirer le meilleur parti de l’acier noir et galvanisé
En plomberie comme en aménagement, aucun matériau n’est « meilleur » en toutes circonstances : tout dépend du fluide, de l’environnement et de la fréquence de maintenance acceptable. Notre analyse montre que :
- Acier noir : imbattable dès que comptent la conductivité thermique, la soudabilité et le coût. Idéal pour les réseaux fermés (chauffage, air sec, gaz) ou les projets décoratifs à esthétique brute – un simple cycle de peinture/vernis suffit alors à maîtriser la corrosion externe.
- Galvanisation : apporte une longévité structurelle incomparable dans les circuits en contact prolongé avec l’eau ou exposés aux intempéries. Sa double action (barrière + anode sacrificielle) repousse les opérations de maintenance de plusieurs décennies, réduisant le coût global de possession malgré un surinvestissement initial modéré.
- L’arbre de décision (section 6) et les bonnes pratiques (section 7) résument la logique de choix :
→ Eau + air extérieur ? → galvanisé.
→ Circuit fermé + budget serré ? → acier noir.
→ Milieu corrosif sévère → galvanisé duplex ou inox.
Astuce métier : dans un réseau mixte, alternez les deux gammes si nécessaire ; prévoyez simplement un raccord isolant ou respectez l’ordre « acier puis cuivre/inox » pour éviter toute pile galvanique.
À vous de jouer !